mardi 31 mars 2009

Ecologie: Nos enfants vous remercieront...

"Nos enfants nous accuseront", le remarquable film de Jean-Paul Jaud sur l'expérience menée par le Maire de Barjac et son équipe montre les dangers que font courir à l'humanité l'alimentation "chimique".
Il n'y a aucune fatalité; C'est aux citoyens de prendre leur destin en mains. Voici le courrier envoyé par PME-Innovantes relatant la proposition de Thierry Nivelet qui dès Mars 2000 avait perçu que l'Internet permettrait de rapprocher les producteurs vertueux et les citoyens soucieux de la santé de leurs enfants.


Votre film sur l'expérience de la commune de Barzac prouve que l'on peut à la fois retrouver une alimentation plus saine, pas plus onéreuse et en même temps revitaliser nos campagnes. Elle mériterait d'être étendue très rapidement à l'ensemble de la filière, mais elle se heurte à de puissants lobbies, à savoir la Grande Distribution et les fabricants de produits toxiques dits phyto-sanitaires.
Nous avons tous à gagner d'une relation directe entre agriculteurs et consommateurs, et Thierry Nivelet, avait décrit en Mars 2000 les grandes lignes d'une solution fondée sur Internet.
Vous avez certainement pensé à une telle solution mais le grand public attend un mode de consultation plus simple et plus rapide que les sites de vente en ligne actuels.

Sa technologie à la fois innovante et économique est de nature à faire pencher la balance (le prix) en faveur de l'alimentation "non chimique"...

----- Original Message -----
From:
Thierry Nivelet
To:

Sent: Tuesday, March 07, 2000 4:32 PM
Subject: Argumentaire eFoire


Le développement des moyens de transport pendant les trente glorieuses sont à l'origine d'un large mouvement de concentration et de massification du marché des des denrées alimentaires :Grande Distribution et en corollaire Industrie Agro-Alimentaire.

Ces deux secteurs ont fait pendant longtemps la fierté économique de la France, participant largement à sa croissance et au solde positif des échanges commerciaux.

Toutefois l'instauration de cette structure économique a eu selon nous trois conséquences majeures :
- La paupérisation des "petits", à savoir les petits commerçants et petits exploitants agricoles, et une diminution tout aussi spectaculaire de leurs effectifs
- La montée des risques de Santé Publique liés à la Sécurité Alimentaire, tant à court terme (épidémies comme la listériose), à moyen terme (maladies dites de civilisation) qu'à long terme (Organismes Génétiquement Modifiés)
- Le fait que les exploitants agricoles se sont progressivement retrouvés coupés de la demande du marché, rendant les politiques de soutien agricole, la PAC notamment, absolument indispensables.

Ces phénomènes ont un coût extrèmement élevé pour nos sociétés, qu'il s'agisse de la désertification des centres villes et des campagnes, avec leur cortège de désespoir et de violence, ou des coûts de santé publique liés à une alimentation de mauvaise qualité.

On constate particulièrement aujourd'hui une réelle prises de conscience du public à l'égard de la Sécurité Alimentaire.
Le débat télévisé animé par Michel Field en marge du Salon de l'Agriculture a montré clairement des acteurs associatifs de plus en plus nombreux à réclamer une plus grande transparence sur la provenance et la composition des aliments, et une réglementation plus sévère.
Les sociétés de distribution réagissent en proposant de rencontrer leurs partenaires producteurs et consommateurs sur ce thème.

Nous sommes convaincus que les problèmes de sécurité alimentaire ne pourront être résolus dans la structure de production et de distribution actuelle, et ce pour au moins trois raisons :
- Une raison politique
Un accident de sécurité alimentaire, si on parvient à en déterminer l'origine, va mettre en cause la pérennité d'entreprises qui ont atteint une telle taille que leur disparition entraînerait des pertes d'emplois politiquement inacceptables. Qu'il s'agisse de l'entreprise de production qui peut compter plus de 200 salariés et est déjà largement fragilisée par les conditions économiques très tendues imposées par la Grande Distribution. Quant au Distributeur lui-même, son poids en termes d'emplois le rend pratiquement intouchable.
- Une raison économique
La prise en compte des contraintes de sécurité alimentaire va à l'encontre du modèle économique qui a fait le succès de la filière agro-alimentaire et qui est fondés sur la baisse des prix associée grâce une production toujours plus intensive. La recherche d'une meilleure qualité alimentaire se fera obligatoirement au détriment des économies d'échelle qui gouvernent ce modèle économique. Les prix des produits Bio dans les circuits traditionnels en sont une éclatante démonstration.
- Une raison technique
Lorsqu'un accident de sécurité alimentaire survient, il est très difficile, voire impossible d'identifer précisément son origine. Les circuits sont si complexes, les intermédiaires tellement nombreux que la mise en place d'une "traçabilité" totale représenterait un coût probablement insupportable pour les acteurs actuels.
Par exemple, il faudrait que chaque intervenant de la chaîne soit capable de prouver, lot par lot et jour par jour, qu'il a bien appliqué les normes d'hygiène au niveau de son personnel (hygiène personnelle, port des protections, etc.), de ses installations (nettoyage des sols et des équipements de production) et qu'aucun produit n'a connu de rupture de sa chaîne de froid.
On imagine aisément le nombre d'informations et l'appareillage qu'il faudrait mettre en oeuvre pour réaliser un telle traçabilité.

Aussi nous pensons que la seule vraie solution est le rétablissement de circuits courts entre producteurs et distributeurs de proximité.

Imaginons un système où le petit commerçant peut entrer en contact direct avec un agriculteur ou un transformateur, prendre connaissance de ses méthodes de production, savoir quelles matières premières il utilise, où il est situé, et tout simplement dialoguer avec lui comme s'ils étaient en face à face.
S'il souhaite établir une relation commerciale, le commerçant achète directement à cet agriculteur les produits dont il a besoin, qui lui sont livrés également directement.
Il peut mentionner à ses clients la provenance des produits, qu'il peut illustrer par des documents émanants du producteur, comme cela se fait déjà largement dans les boucheries artisanales depuis la crise de la vache folle.
Si un client n'est pas satisfait du produit, sa réclamation peut être adressée directement à l'agriculteur qui a ainsi une connaissance directe des attentes des consommateurs et peut adapter son offre en conséquence, et développer des arguments répondant à cette attente.

Bien entendu, un tel système ne serait pas économiquement viable avec les moyens de commercialisation et de distribution "traditionnels".
Le prix et le délai de transport, le temps nécessaire à chaque commerçant et chaque producteur pour établir et gérer une relation commerciale directe constitueraient autant de sources de coût supplémentaires que l'économie faite sur les marges des intermédiaires ne suffirait probablement pas à compenser.

En revanche, ce modèle économique retrouvera sa viabilité grâce à l'Internet.
En effet, l'Internet permet de mutualiser les coût d'intermédiation et de transport :
- La présentation d'une exploitation peut être consultée simultanément par des dizaines de commerçants ;
- Un commerçant peut facilement consulter l'offre d'une multitude de producteurs à l'aide de quelques critères simples : nature de produit, zone de production, prix, etc.
- Les commandes de plusieurs commerçants, une fois regroupées, peuvent être servies à moindre coût par les producteurs.
- Les livraisons de commerçants géographiquement proches peuvent être réalisées à faible coût.

Aussi proposons-nous de créer un site dit "place de marché virtuelle" dédié aux acteurs de la filière alimentaire : producteurs, transformateurs et détaillants.
Ce site leur apporterait les services suivants :
- Présentation des entreprises productrices laissée à leur initiative
- Gestion des produits proposés dans une base de données centrale ; le producteur peut à tout moment modifier son offre tant en termes d'étendue de gamme qu'en termes de prix
- Recueil des commandes des commerçants, centralisation par producteur et notification de ce dernier par mél
- Vérification de la solvabilité des commerçants acheteurs, application des conditions de règlement appropriées
- Impression par le producteur des étiquettes de colis à code barre utilisé par la logistique de distribution
- Gestion des flux logistiques de livraison : plates formes d'éclatement et de regroupement par client destinataire
- Livraison individuelle de chaque détaillant

Chaque producteur se trouvera ainsi libre et autonome sur un marché qui fonctionne en toute transparence, et pourra bien plus facilement jouer la carte du qualitatif face au couple quantitatif-prix bas, ses efforts étant relayés par un commerçant désormais mieux informé et plus professionnel.

La place de marché serait rémunérée sur le volume de transactions réalisées, et n'aurait donc pas vocation à devenir un nouveau Grand Distributeur qui imposerait ses conditions aux producteurs.